Ce jour-là, Benoît Mourguet n’était pas content du tout.Laurent, son fils aîné, avait encore joué avec ses marionnettes au lieu de ranger lescanettes.-Tu n’iras pas à l’île Barbe, dimanche !cria-t-il très fort pour essayer de faire plus de bruit quele métier à tisser. Laurent avait aussitôt caché ses marionnettes et repris son travail.Mais le père Mourguet était un brave homme, et, le soir venu…-Dis, gone !lui dit-il, tu n’oublieras pas tes poupées de bois, dimanche !Signor Flavio doit venir… Et le dimanche suivant, la famille Mourguet partit d’un bon pas pique-niquer.D’autres canuts se joignirent à eux, ainsi que le fameux Signor Flavio.Arrivés à l’île Barbe, tous s’assirent sur l’herbe. Après un casse-croûte bien arrosé,Signor Flavio demanda à Laurent de lui prêter ses marionnettes.Alors, faisant vivre les poupées, il raconta des histoires drôles.Chacun riait de bon cœur. Laurent regardait avec admiration cet Italien venu à Lyon faire lecommerce de la soie. Jamais il n’avait connu un homme aussi bon.Signor Flavio semblait heureux de faire oublier aux canuts que leurs étoffes se vendaientmal. Au fil des années, Signor Flavio eut beaucoup de surnoms.Certains l’appelaient Jean, d’autres Chignol parce qu’il venait de la ville italienne deChignolo. Et, chaque dimanche d’été, sous les platanes de l’île Barbe, c’était le jeuneLaurent qui tapait les trois coups contre un tronc d’arbre en annonçant: « Et voici JeanSignor Flavio Chignol et ses marionnettes ! » Au fur et à mesure que les années passaient et que Laurent grandissait, la vie devenaitde plus en plus dure à Lyon.La Révolution française ne favorisait pas le commerce de la soie et les canuts étaient dansla misère. Laurent s’était marié et avait eu dix enfants. Pour les faire vivre, il abandonna sonmétier à tisser. Il se fit d’abord marchand ambulant, puis chirurgien dentiste : il allait de placepublique en place publique pour arracher les dents !Pour attirer les clients, il avait construit un castelet démontable, qu’il promenait avec lui.Il racontait des histoires d’Arlequin et de Polichinelle. Mais les gens se lassaient de cesmarionnettes trop connues. Mourguet en fabriqua donc des nouvelles : Gnafron l’ivrogne,Madelon, le Gendarme qui reçoit toujours des coups de bâton… Un jour de 1808, en pensant aux promenades de l’île Barbe, Laurent Mourguet sculptaune marionnette qui ressemblait à Signor Flavio. Il l’appela Jean Si Flavio Chignol, puisChignol et enfin Guignol.Cette marionnette eut un très grand succès. Guignol et Gnafron devinrent inséparables.Les enfants de Laurent Mourguet continuèrent l’œuvre de leur père et si tu passes à Lyon,tu peux voir la célèbre marionnette au Théâtre Guignol
đang được dịch, vui lòng đợi..