3.2. DéPlacements de I’offre d'obligations
Un certain nombre de facteurs peuvent aussi déplacer la courbe d'offres d’obligations.
Les plus importants sont:
1. La rentabilité anticipée des investissements;
2. I’inflation anticipée;
3. Ia politique budgétaire.
Les principaux effets sont résumés dans Ie tableau 5.2. On les reprend en detail cidessous en étudiant chacun d’eux sous l’hypothèse que les autres restent inchangés (toutes choses égales par ailleurs).
Tableau 5.2 : Facteurs produiSaflt un deplacement de Ia courbe d’offre d’obligatiofls
……
Rentabilité anticipée de I’investissement. Plus les profits que les entreprises peuvent
espérer obtenir grâce à la réalisation de nouveaux investissements sont importants ( que ce soit en bâtiments ou en equipements), plus elles sont désireuses d'emprunter pour effectuer ces investissements. Quand l’économie est en expansion, les occasions d'investissements considérés comme rentables sont nombreuses, et donc l’offre d’obligations pour tout niveau de prix (ou de taux d’intérêt) augmente, et Ia courbe d’offre d’obligations se déplace vers Ia droite (comme a la figure 5.4). Symétriquement, lors d’une récession, les occasions d’investissements rentables semblent moins nombreuses, les entreprises ne souhaitent pas s’endetter, l’offre d’obligations baisse et Ia courbe d’offre d’obligations se déplace vers Ia gauche.
figure 5.4…
Inflation anticipée Comme on l'a vu au chapitre 4, le coût réel de l’ernprunt est mieux mesuré par le taux d’intérêt réel, c’est-à-dire par le taux d’interet (nominal) diminué du taux d’inflation anticipée. Pour un taux d’intérêt donné, une hausse de I'inflation anticipée réduit donc le coût reel de l’emprunt, donc augmente les quantités que les entreprises souhaitent emprunter, c’est-à-dire leur offre d’obligations. Une hausse de l’inflation anticipée augmente l’offre d’obligations et déplace la courbe d’offre vers la droite (comme a Ia figure 5.4).
Politique budgétaire La politique budgétaire (et la politique economique en général ) peut influencer l’offre d’obligations de plusieurs manières. Si le Trésor émet des obligations pour financer un déficit budgétaire, il accroît l'offre d’obligations, de sorte que Ia quantité totale d’obligations offertes augmente pour tout prix des obligations (ou tout taux d’intérêt). Les déficits budgétaires déplacent donc Ia courbe d’offre d’obligations vers la droite (comme à la figure 5.4). Il en est de même si des collectivités locales ou des établissements publics émettent des obligations pour financer leurs dépenses. On verra dans les prochains chapitres que la conduite de la politique monétaire implique l'achat et Ia vente d’obligations, qui influencent l’offre totale d’obligations et donc les taux dintérêt d’equilibre.
lllustration - Changements du taux d’intérêt d’équilibre dus à I’inflation anticipée ou à une expansion conjoncturelle
On peut désormais utiliser ce qui a été étudié précédemment sur les déplacements des courbes d’offre et de demande d’obligations pour analyser comment le taux d’intérêt d’equilibre se modifie. Le plus simple est de commencer par étudier un certain nombre d’illustrations choisies pour aider à comprendre comment Ia politique monétaire peut affecter les taux d’intérêt.
Changements de l’inflation anticipée : L'effet Fisher
On a vu ci-dessus les effets des changernents de l’inflation anticipée sur les courbes d'offre et de demande d’obligations. La figure 5.5 les réunit et montre l'effet global sur Ie taux d’intérêt d’équilibre d’une augmentation de l'inflation anticipée.
Supposons que I’inflation anticipée soit initialement de 5 % et que les courbes d’offre et de demande d’obligations, B1 et B1, se coupent au point 1 auquel correspondent un prix d’équilibre des obligations P1 et un taux d’intérét d’équilibre i1. Si l’infiation ancicipée passe à 10 %, le rendement anticipé des obligations par rapport aux actifs réels diminue pour tout niveau des taux d’intérêt (ou du prix des obligations). La demande d’obligations diminue de ce fait, et Ia courbe de demande d’obligations se déplace vers Ia gauche, de B1 à B2. Par ailleurs, Ia hausse de l’inflation anticipée affecte aussi Ia courbe d’offre d’obligations: pour tout prix d’obligation et de taux d’intérêt, Ie coût réel de l’emprunt pour les entreprises baisse, ce qui augmente leur offre d’obligations, et déplace Ia courbe d’offre de B1 à B2.
Du fait des déplacements de ces deux courbes, l’equilibre se déplace du point 1 au point 2 (intersection de B1 et de B2). Le prix d’equilibre des obligations a baissé de P1 à P2, et comme le taux d’intérêt est relié négativement au prix, le taux d’intérêt d’équilibre a augrnenté de i1 à i2. À la figure 5.5, il se trouve que la quantité d’obligations échangées à l’équilibre reste la même aux points 1 et 2. Mais en réalité, selon I’importance des mouvements des courbes d’offre et de demande, la quantité d’obligations à I’équilibre pourrait augmenter ou diminuer lorsque l’inflation anticipée augmente.
Cette analyse conduit à une observation importante: quand l’inflation anticipée augmente, le taux d’intérêt augmente également. Ce résultat est appelé l'effet Fisher, du nom d’Irving Fisher, économiste américain qui a le premier souligné cette relation entre inflation anticipée et taux d’intérêt. L’exactitude de cette prédiction est difficile à vérifier dans la mesure où l’inflation anticipée est délicate à observer directement (on a vu néanmoins au chapitre 4 que, grâce aux obligations indexées, c’est cependant possible indirectement). La figure 5.6 founit cependant des indications qui corroborent notre analyse theorique. Elle montre le taux d'intérêt des obligations publiques et le taux d'inflation observés enm France de 1961 à 2009. L'inflation, d'un niveau faible pendant Ia majeure partie des années 1960, augmente progressivement à partir de 1968 (a cause, en particulier, des événements de mai)Si l’on suppose que les anticipations d’inflation sont proches de leur réalisation (par exemple parce que les agents économiques adaptent rapidement leurs anticipations à l’évolution de I’inflation), on peut comprendre pourquoi les taux d’intérêt suivent Ia hausse de I’inflation, sauf lorsqu’elle bondit de manière imprévisible et provisoire comme lors des chocs pétroliers de 1973 et 1979. Après 1980, le changement de politique monétaire aux États-Unis, qui s’est imposé au reste du monde, a conduit à une décroissance progressive de I’inflation. Les taux d’intérêt ont suivi, mais avec retard, ce que l’on peut traduire comme Ie maintien durable d’anticipations d’inflation malgré la baisse de son niveau. Au total, le taux d’intérêt se serait ainsi déplacé parallèlement au taux d’inflation anticipée, ce qui petit être interprété comme une corroboration de l’effet Fisher. Ceci explique pourquoi beaucoup d’économistes recommandent de maintenir I’inflation basse si l’on veut garder des taux d’intérêt faibles. On remarque également que I’inflation anticipee a long terme (à l'horizon 2029 sur le graphique) est peu sensible aux variations de Court terme de l'inflation, ce quj peut expliquer que ces dernières n’affectent pas beaucoup le taux d’intérêt.
Expansion conjoncturelle
La figure 5.7 analyse les effets d’une expansion conjoncturelle sur les taux d’intérêt.
Durant une expansions, les quantités de biens et services produites s’accroissent, de sorte que le revenu national augmente. Dans de relles circonstances, les entreprises sont davantage désireuses d’emprunter, car les occasions d’investissement profitables à financer sont nombreuses. De ce fait, pour un prix donné des obligations (ou un niveau donné des taux d’intérêt), Ia quantité d’obligations qu'elles offrent augmente. La courbe d’offre d’obiigations se déplace donc vers la droite durant une phase expansionniste de B1 à B2 s.
L’expansion affecte aussi la demande d’obligations. Comme le revenu et la richesse augmentent, la demande d’obligations s’accroît, ce qui se traduit à Ia figure 5.7 par un déplacement vers Ia droite de Ia courbe de demande, de B1 à B2 . Comme les courbes d’offre et de demande se sont toutes deux déplacées vers Ia droite, I’equilibre s’est nécessairement déplacé dans cette direction (le point 2 est à droite du point 1). En revanche, selon que Ia courbe d’offre se déplace plus ou moins que la courbe de demande, le nouvel équilibre peut conduire à un prix des obligations inférieur ou supérieur (et donc à un taux d’intérêt supérieur ou inférieur) au précédent. Ainsi, l’analyse donne une reponse ambiguë à la question de savoir si le taux d’intérêt augmente ou baisse lors d’une expansion conjoncturelle. À la figure 5.7, le déplacement de Ia courbe d’offre a été choisi plus grand que celui de Ia courbe de dernande, de manière que le prix des obligations baisse à P2 et que le taux d’intérêt d’equilibre augmente à i2.
Ce choix, qui suggère qu’une expansion conduit à une hausse du taux d’intérêt, correspond à ce que l'on observe en général dans Ia réalité. La figure 5.8 présente les variations des taux d’intérêt à court terme et indique les périodes de récession conjoncturelles (par des zones otnbrées). On constate qu‘en général les taux d’intérêt augmentent pendant les périodes d’expansion et diminuent pendant les récessions, comme le suggère La figure 5.7.
Illustration — Expliquer le bas niveau des taux d'intérêt au Japon
Dans les années 1990 et au debut des années 2000, les taux d’intérêt au Japon devinrent les plus bas du monde. En novembre 1998, Un événement extraordinaire eut même lieu : le taux d’intérêt sur les bons du Trésor japonais à 6 mois devint très légèrement négatif (voir aussi encadré 4.1). Pourquoi?
Durant ces années, le Japon connut une longue et grave récession accompagnée d'une déflation (une baisse des prix, ou inflation négative). Ces faits et la mesthode d'analyse précéde
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