Trois Nguyen en un seul paragraphe : nom aussi répandu, au Vietnam, que Ndiaye au Sénégal, Milosevic en Serbie, Lévy en France et Besson à Saint-Germain-des-Prés.
Le spectacle était, comme souvent, dans la salle. Les Français étaient mieux inspirés quand ils allaient à l'Opéra pour se montrer. Chez Balzac, les loges effacent la scène. Un millier de femmes enfants, je veux dire de femmes aussi jolies et menues que des enfants, accompagnées de leur famillle et de leur smartphone. Dans leur tenue de combat : minirobes noires ou rouges, brushing parfait et bijoux de prix. En les regardant, pendant l'entracte, monter à l'assaut des vedettes qui dédicaçaient leurs CD, j'ai pensé : voilà le dernier peuple qui a vaincu militairement les États-Unis. À voir la grâce avec laquelle ces dames se faufilaient entre les tables bondées, leur façon de se regrouper sans se bousculer, la rapidité de leurs apparitions et de leurs disparitions, j'ai compris le malheur des grands et gros Américains dans les rizières du Sud Vietnam, à la recherche de cet ennemi furtif, agile, indifférent et impitoyable. Bien sûr, la plupart des Vietnamiens présents, et peut-être même la totalité, n'avaient pas combattu les GI - Julie a quitté la péninsule indochinoise à 4 ans, peu après la chute de Saigon -, et certains ont peut-être combattu avec eux, mais c'est le même peuple délicat, brutal et volontaire qui, dans le camp opposé, l'a fait. Je l'ai bien vu quand, lasses de faire la queue devant les WC des femmes, quelques Vietnamiennes sont venues pisser chez les hommes, comme des soldats. Et aussi ces visages qui, sous une apparente placidité, sont sculptés par une colère ancestrale, si différente de la douceur amusée thaïe.
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