Vivre à Montréal-Nord, meilleur pour la santé que de s'installer à Westmount ou à Saint-Laurent? Peut-être bien: la pollution atmosphérique traverse les frontières des arrondissements et des classes sociales sur l'île de Montréal, révèle l'une des plus vastes études du genre à être réalisées dans la métropole.La pollution ne décrit pas à elle seule la qualité de vie d'un quartier, bien sûr. Mais Dan Crouse, de l'Université McGill, constate que malgré un indice de défavorisation élevé, Montréal-Nord jouit de l'un des taux de pollution atmosphérique les plus bas de l'île de Montréal. Éloigné du centre-ville et des autoroutes, protégé par la rivière des Prairies, l'arrondissement fait figure d'exception.L'aspirant au doctorat se décrit comme un heureux mélange entre le géographe et l'épidémiologiste. Il brosse un tableau de ses résultats pour Le Devoir devant un plan de Montréal constellé de petits points: les 129 stations d'échantillonnage qui lui ont permis de dresser une carte détaillée de la pollution atmosphérique. Il a choisi comme témoin le dioxyde d'azote (NO2), un bon indicateur de l'ensemble des polluants. Une carte qu'il a ensuite superposée à l'indice de défavorisation de chaque arrondissement, composé de 14 facteurs comme le revenu, le taux de chômage, le niveau d'éducation et le fait de vivre seul. L'air de Saint-Laurent, du Plateau-Mont-Royal et de Westmount est lourd. La concentration moyenne de NO2 annuelle y dépasse les lignes directrices de l'Organisation mondiale de la santé. Et ce, dans des quartiers où plus de 26 % des ménages gagnent au-delà de 90 000 $ par année. «Saint-Laurent est entouré de trois autoroutes», pointe le chercheur. Voilà.Une ville différenteDans les grandes villes américaines, pauvreté et pollution vont de pair, explique Dan Crouse. Les personnes plus défavorisées s'installent là où leurs moyens le leur permettent, souvent près des autoroutes, des aéroports, des dépotoirs, des usines. «Montréal est une ville différente», dit-il, étonné lui-même par les résultats, qui seront publiés dans le journal Social Science and Medecine et disponibles sur Internet. «Ce qui est surprenant, c'est ce que ça révèle sur Montréal comme ville. Par exemple, le centre-ville vibre d'activité. Malgré le trafic et la pollution, les gens veulent quand même vivre là.»Dan Crouse a installé 129 petites boîtes de conserve dans la métropole, munies de filtres ensuite analysés en laboratoire. Armé d'une échelle, il a récupéré les filtres par trois fois, hiver, printemps et été. Une opération de trois jours, un véritable marathon. «C'était amusant, les gens nous lançaient de drôles de regards et nous posaient des questions. On a perdu seulement deux boîtes, et c'était sûrement le vent, pas du vandalisme», relate-t-il.La pollution atmosphérique suit étroitement les autoroutes de la métropole, mais aussi la densité de la population: le Plateau ne paie pas de mine. En moyenne, la qualité de l'air montréalais surpasse quand même celle de Toronto, et bien sûr de New York ou de Los Angeles, pour une moyenne hivernale de 12 ppb, et estivale de 8. Le chauffage au bois et la tendance à utiliser davantage la voiture pendant la saison froide expliquent cet écart saisonnier.Parc-Extension et le sud-ouest de l'île cumulent population défavorisée et air de mauvaise qualité, avec des niveaux de NO2 qui excèdent 23 ppb. Une exposition à ce polluant autour de 22 ppb cause différents malaises respiratoires et maladies, des hospitalisations et une mortalité plus élevée. En 2004, d'autres chercheurs ont évalué qu'environ 1500 Montréalais meurent chaque année à cause de la pollution.Le chercheur a trouvé le pire taux... devant chez lui, sur le Plateau. Une donnée qu'il a ensuite éliminée pour ne pas fausser les résultats. «La semaine pendant laquelle j'échantillonnais, il y avait des travaux et le trafic était redirigé dans ma petite rue... avec les rejets des autobus et des camions directement sur le dispositif!» Le nombre de stations et les multiples échantillonnages protègent les données de ce genre d'erreur.Ça saute aux yeux: s'il y a un endroit où l'on peut respirer à pleins poumons à Montréal, c'est bien dans le parc du Mont-Royal. «C'est vrai quand on dit que c'est le poumon de la ville!»Mais l'air ne dit pas tout de la qualité d'un quartier. Par exemple, comme l'a découvert une équipe de l'UQAM dirigée par Yves Baudoin, Saint-Michel souffre des îlots de chaleur urbains, là où les arbres sont plus rares que le béton et l'asphalte.Difficile, avoue Dan Crouse, de régler rapidement le problème de la pollution atmosphérique. «Les gens le savent bien, il faut diminuer la circulation automobile. Vive la bicyclette!»
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