Récupérer les matières premières contenues dans les produits que nous jetons n’est pas non plus toujours une bonne affaire pour les spécialistes du recyclage. « A tout moment, un industriel va arbitrer entre matière recyclée et matière vierge », rappelle Sébastien Petithuguenin, directeur général adjoint de Paprec Group, leader indépendant du recyclage. Ainsi, plus le cours du pétrole est bas, moins le plastique recyclé a d’attractivité. Il n’est pas toujours rentable non plus de recycler les déchets des équipements électriques et électroniques, les fameux D3E. Récupérer le cuivre, l’or, l’aluminium, le nickel ou le palladium qu’ils enferment est certes une manne. Mais tous ces appareils enferment également des produits toxiques : du mercure dans nos écrans plats, de la dioxine dans les câbles électriques, de l’arsenic dans les cartes électroniques… Les tubes cathodiques de nos anciens téléviseurs sont, eux, bourrés de plomb. Et, placés dans des conditions de sécurité insuffisantes, les opérateurs chargés de leur recyclage peuvent afficher des taux de plombémie quatre fois supérieurs à la norme autorisée ! Fermés après avoir fait faillite ou pour des dysfonctionnements sanitaires, quelque 200 sites de démantèlement seraient à l’abandon sur notre territoire. A ciel ouvert, ces montagnes de déchets toxiques font peser de lourdes menaces pour l’environnement. Si de plus en plus de citoyens et d’associations environnementales montent au créneau pour sensibiliser opinion et pouvoirs publics, ces cas extrêmes ne semblent pas préoccuper outre mesure les autorités : pour 400 entreprises spécialisées dans le recyclage, il n’y a qu’un seul contrôleur…Tout avait pourtant bien commencé quand, en 1991, sous l’impulsion de géants de l’industrie, le point vert « Eco-Emballages » est lancé par Brice Lalonde, le ministre de l’Ecologie de l’époque. Contrairement à ce qu’il laisse supposer, ce label vert n’indique pas que tous les produits qui en sont porteurs peuvent être recyclés. Subtilité, le pictogramme signale seulement que l’industriel qui l’a fabriqué apporte sa contribution financière au traitement des déchets par les collectivités locales. Si, par exemple, le carton qui entoure un pack de yaourts peut être mis dans un bac jaune, le pot, lui, ne peut pas toujours y être jeté. L’y déposer peut même être une erreur funeste. En effet, lorsqu’un bac contient des déchets qui ne devraient pas s’y trouver, tout son contenu est refusé par le recycleur. On estime ainsi à 20 % le nombre de bacs pour papiers et cartons qui échappent au recyclage. Une aubaine pour le collectif d’actionnaires d’Eco-Emballages. En effet, plus les communautés urbaines recyclent de tonnes de déchets, plus ils doivent mettre la main à la poche pour les financer. « La vraie logique d’Eco-Emballages, explique le journaliste spécialisé Olivier Guichardaz, c’est de limiter les coûts. […] Depuis vingt ans, poursuit-il, ils sont pied sur le frein pour faire en sorte que cela leur coûte le moins cher possible. » Alors que les industriels participant au programme Eco-Emballages devraient contribuer à hauteur de 80 % au financement de la gestion par les villes des déchets, leur participation, fixée sur le poids, dépasse à peine les 50 % !
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